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Au début de la Première Guerre mondiale, en août 1914, la construction de l'œuvre architecturale singulière que l'on appellera plus tard le Goetheanum (et, plus tard encore, le premier Goetheanum) était déjà bien avancée sur une colline située juste au-dessus du village de Dornach, dans la Suisse neutre. Une petite communauté internationale s'y était réunie l'année précédente pour participer à ce projet de construction artistique tout à fait unique, sous la direction de Rudolf Steiner. Lorsque la guerre a commencé, l'ambiance et la vie quotidienne de l'Europe ont été instantanément modifiées, et ce d'autant plus au sein de cette communauté spirituelle et artistique ad hoc : l'artillerie se faisait entendre au loin, de nombreuses personnes ont été rappelées dans leurs pays respectifs pour effectuer leur service militaire, et les tensions entre les individus de diverses nationalités restés à Dornach se sont très vite manifestées.
C'est dans ce contexte immédiat que s'inscrivent ces conférences du soir données dans le bâtiment de menuiserie situé à côté du chantier de Dornach, deux mois seulement après le début de la guerre. Sans jamais annoncer ses intentions et en utilisant comme illustration les formes métamorphosées des architraves en bois sculptées à la main et reposant sur les colonnes à l'intérieur même du bâtiment, Steiner s'est lancé dans une appréciation convaincante et sincère, voire une célébration, des qualités uniques des différentes cultures européennes alors en guerre.
Ces conférences ont été données à un moment et dans un lieu très précis, à un public très spécifique, avec une intention très claire : cultiver, au milieu de la violence et de l'agression, non seulement la tolérance à l'égard des autres peuples et cultures, mais aussi l'amour et l'appréciation sincère. De telles intentions sont encore nécessaires aujourd'hui, d'où la pertinence de ces conférences.